Interview alumni : Romain Vignolles, directeur de Greenaffair
Romain est aujourd’hui directeur d’une agence / cabinet d’ingénierie et de conseil dans le développement durable à Bordeaux. Il a commencé son parcours dans la gestion et la maîtrise de l’eau avant de s’orienter dans les énergies renouvelables. Dans cette interview, découvrez son parcours, son métier et les conseils qu’il peut donner aux jeunes qui souhaitent se lancer dans le secteur de l’énergie.
Bonjour Romain ! Peux-tu nous expliquer ton parcours académique avant d’intégrer l’ENSIATE ?
Après un baccalauréat scientifique, option SVT en 2006, j’avais pour objectif de faire pilote de chasse. Lors d’un échange avec un officier, il m’a conseillé de faire un diplôme avant de m’engager. J’ai donc fait un BTS gestion et maîtrise de l’eau à l’ISNAB (Institut des Sciences de la Nature et de l'Agroalimentaire de Bordeaux). Suite à l’obtention de mon diplôme, je me suis blessé et je n’avais plus les mêmes objectifs que 2 ans auparavant, j’ai donc pris la décision de poursuivre mes études à l’ENSIATE pour rester dans le domaine des enjeux environnementaux, et plus particulièrement celui de l’énergie.
Pour allier énergie et enjeux environnementaux, mon sujet de prédilection était le dessalement de l’eau de mer. Étant basé à Bordeaux, c’est un sujet local important et je me suis rendu compte que ce n'était pas un problème technique mais plutôt énergétique. En effet dessaler l’eau est très énergivore. J’ai finalement rejoint Habitat Solaire en 2008, une entreprise familiale dans le secteur photovoltaïque, pour réaliser un stage de 6 mois puis mes 2 années d’alternance. Je souhaitais participer à la croissance du secteur, qui avait connu une forte évolution à cette époque. Pour preuve, nous étions 10 salariés à mon arrivée et lors de mon départ, nous étions 240. C’était un secteur qui avait une évolution exponentielle, qui permettait de découvrir de nouvelles choses chaque jour, et de devenir expert sur un sujet en particulier.
Pourquoi avoir choisi d’intégrer l’ENSIATE ?
J’ai choisi d’étudier à l’ENSIATE car je souhaitais développer mes compétences dans le secteur d’activité de l’environnement. En 2008, nous étions dans les prémices et il n’y avait pas beaucoup de débouchés. C’était un secteur en émergence et l’ENSIATE était précurseur avec la proposition d’un cycle d’ingénieur en efficacité énergétique/énergie renouvelable et développement durable.
Au sein de cette formation, j’ai acquis différentes compétences :
Le travail en équipe afin de manager et suivre un projet qui doit être rendu dans des délais impartis
L’esprit d'initiative, en tant qu’étudiant, nous avions un rôle d’ambassadeur afin de faire connaître notre école et ses formations dans l’émergence de ce nouveau secteur.
J’ai beaucoup apprécié mon passage dans cet établissement, avec les différentes notions que nous avons pu aborder sur différentes thématiques comme : l’énergie nucléaire, l’énergie photovoltaïque, le développement durable, l’efficacité énergétique. On n'était pas expert d’un domaine, mais on touchait à différentes notions. Personnellement, j’ai principalement progressé sur les énergies renouvelables puisque mon entreprise était orientée dans ce domaine.
Peux-tu donner 3 mots pour décrire l’ENSIATE ?
Précurseur - En croissance / développement - Pluralité
En effet l’ENSIATE est sur un secteur mouvant et en pleine croissance car le domaine de l’énergie est au cœur des préoccupations. Pour la pluralité, j’entends par là qu’il y a de nombreux sujets à traiter, et que les profils qui composent l’ENSIATE sont différents tant sur l’aspect culturel que des orientations de parcours de formation.
Qu’est-ce que le développement durable ?
Avant d’intégrer l’ENSIATE, pour moi la notion de développement durable était connotée uniquement à l'environnement, mais il y aussi une approche économique qui consiste à dire qu’un développement doit être viable et le modèle doit être rentable. Cette notion de viabilité a été une vraie révélation pour moi et cela veut dire que nous pouvons réellement en faire un métier et créer une économie autour de cette thématique. L'aspect économique n’est donc pas un problème mais plutôt un outil pour être autonome et rendre les modèles pérennes.
Le second aspect est l’aspect social. Nous pouvons parler de développement durable en parlant d’insertion, d’égalité homme-femme, … Ces sujets n’ont pas de lien direct avec l'environnement mais faire du développement durable, ce n’est pas uniquement respecter la planète mais également les personnes.
Quel est le métier de directeur d’agence ?
Je suis actuellement directeur de l’agence Greenaffair sur le secteur de Bordeaux / Sud-Ouest. C’est un cabinet d’ingénierie et de conseil dans le développement durable. On travaille sur des sujets énergétiques et carbone dans le secteur de l’immobilier et du bâtiment. On traite des thématiques liées à l’impact environnemental : bilan énergétique, réduction des consommations, réduction de l’impact carbone. On travaille sur ces missions, mais plus largement, on peut être associé à toutes les maisons liées à la préservation de l’environnement ou la performance environnementale sur des projets.
Notre entreprise est composée de plusieurs pôles :
Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)
Aménagement d’espaces
Confort à l’occupant
Finance durable
Ingénierie de la mesure d’indicateurs (air, eau, déchets)
Notre champ d’action est très large, c’est une entreprise qui a 20 ans, et qui comprend 110 collaborateurs. Le siège est basé à Sèvre en région parisienne et nous avons 4 agences à Lyon, Nantes, Bordeaux et en Guadeloupe.
Quelles sont tes missions dans le développement de Greenaffair ?
Je suis chargé de créer l'implantation de la nouvelle agence à Bordeaux, ainsi qu’établir une stratégie de développement pour gagner nos premiers contrats et accompagner les équipes commerciales. Mon objectif est aussi de faire connaître l’agence (prospection) et par la suite de recruter les équipes. Nous sommes au lancement, nous devons aussi mettre en place les missions opérationnelles et par la suite, je m’occuperai du pilotage des équipes. Enfin, en tant que directeur, j’ai pour mission de faire un reporting en lien avec la direction du siège afin de participer à la stratégie nationale.
Selon toi, en quoi l’énergie est un domaine d’avenir ?
L’énergie est un domaine d’avenir, car il faut avoir une souveraineté énergétique afin de ne pas souffrir d’un manque, ou d’encore dépendre d’autres pays qui n’ont pas les mêmes valeurs que nous en France. Nous pouvons le voir en ce moment avec la crise et la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Cette crise engendre notamment une flambée des prix sans précédent. Enfin, nous avons aussi une urgence climatique, il est important de se lancer et atteindre 100% d’énergie décarbonée au plus vite. Avec le fort développement des civilisations, nous ne pouvons pas vivre sans énergies, et il faut que celles-ci soient accessibles au plus grand nombre, au moindre coût et avec le moindre impact sur l’environnement.
Comment faire face à ces augmentations ? La France est-elle trop dépendante des autres pays dans la fourniture des énergies ? Comment accélérer la transition énergétique ?
La France est bien placée sur le marché des énergies, notamment grâce au nucléaire, mais elle est encore trop dépendante. Le grand défi serait de tendre vers cette indépendance. De plus, nous avons plein de centrales en fin de vie qui vont devoir être arrêtées ou rénovées.
Je pense que la clé serait d’avoir un mix énergétique décarboné, et pour cela nous avons toutes les ressources en France, ce qui nous permettrait d'être moins dépendant et d'avoir un moindre impact sur le climat.
Des conseils pour les jeunes qui veulent se lancer dans le secteur de l’énergie ?
En tant qu’étudiant, vous devez contribuer à faire vivre l'ENSIATE. C’est votre propre notoriété que vous faites rayonner en aidant l’école à se développer. Pour cela, faites vivre votre réseau et contribuez à l’animation de votre réseau alumni.
C’est aussi le moment d’oser faire des choses, des projets, de se challenger et aussi de se tromper. On apprend tous de nos erreurs.
Enfin, choisissez bien votre expérience en entreprise car elle conditionne la suite de votre carrière et votre mode d’apprentissage à l'école.
