L’AIE prédit la domination du bas carbone d’ici 2030.

L’AIE prédit la domination du bas carbone d’ici 2030.

L'agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit une transformation majeure du secteur électrique mondial d'ici 2030, avec plus de 50 % de l'électricité produite à partir de sources bas carbone. Cette transition, soutenue par l'essor des énergies renouvelables et du nucléaire, marque une avancée vers la décarbonation. Cependant, malgré ces progrès, l'AIE alerte sur l'insuffisance des efforts pour aligner le monde sur les objectifs de neutralité carbone à horizon 2050.

Renouvelables et nucléaire : piliers d'une électricité propre pour demain

Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, a souligné que le monde entre dans une nouvelle ère énergétique. Après des périodes dominées par le charbon et le pétrole, l’électricité devient la pierre angulaire des systèmes énergétiques globaux. Cette évolution repose en grande partie sur des sources d’électricité propres, telles que le solaire, l’éolien et le nucléaire, répondant à des besoins croissants : véhicules électriques, industrie, centres de données et climatisation. En 2023, les investissements dans ces technologies ont surpassé ceux dédiés aux énergies fossiles. D'ici 2030, leur capacité combinée pourrait doubler, grâce à des coûts en baisse et des politiques favorables. 

Le développement accéléré des technologies bas carbone s’impose comme une réponse incontournable. Les panneaux solaires et les batteries enregistrent des avancées majeures, tandis que le nucléaire bénéficie d’un regain d’intérêt dans de nombreux pays. L’AIE souligne également l’importance croissante des innovations telles que les petits réacteurs modulaires, susceptibles de diversifier l’approvisionnement énergétique.

Outre les renouvelables, l'énergie nucléaire et l'hydroélectricité joueront un rôle clé. De nouveaux réacteurs sont en construction dans plusieurs pays, et des innovations comme les petits réacteurs modulaires pourraient renforcer cette tendance. Cependant, des défis persistent, notamment l'acceptabilité sociale et les coûts de construction élevés.

Défis climatiques : pourquoi la transition bas carbone reste fragile ? 

Malgré ces progrès, les énergies fossiles dominent encore le paysage énergétique. Selon le dernier rapport World Energy Outlook 2024 (voir PJ de l’article), la capacité mondiale de production d’électricité renouvelable atteindra près de 10 000 GW d’ici 2030, contre 4 250 GW aujourd’hui. Cependant, cet objectif reste en dessous du triplement nécessaire pour limiter efficacement le réchauffement climatique. Les combustibles fossiles continuent donc de dominer, avec 80 % de la demande énergétique mondiale en 2023, contre 83 % en 2011. 

Selon l'AIE, une réduction massive des émissions de CO₂ est nécessaire pour éviter un réchauffement de 2,4 °C d'ici la fin du siècle, bien au-delà de l'objectif de 1,5 °C fixé par l'Accord de Paris. Atteindre cet objectif nécessite une diminution rapide de l'utilisation du charbon, du pétrole et du gaz, combinée à une intensification des efforts de déploiement des énergies vertes. 

Si l’AIE prévoit un pic dans l’utilisation de ces énergies renouvelables avant la fin de la décennie, le charbon reste préoccupant, ayant atteint une consommation record en 2023. Les pays en développement, en particulier dans l’hémisphère sud, alimentent cette dépendance accrue. 

Politiques climatiques et financements : les clés de l’avenir bas carbone

Les progrès dépendent en grande partie des financements publics et privés. L'AIE appelle à un triplement des investissements annuels dans les infrastructures bas carbone d'ici 2030. Par ailleurs, la coopération internationale doit être renforcée pour harmoniser les objectifs et soutenir les pays en développement, souvent les plus vulnérables au changement climatique.

Vers une neutralité carbone : un chemin semé d’embûches

Cet objectif représente une étape importante, mais il reste encore beaucoup à faire. L'AIE insiste sur l'urgence d'accélérer la transition pour limiter les conséquences climatiques les plus graves. En l’absence de mesures, les projections actuelles laissent entrevoir un avenir incompatible avec la préservation de la planète. Et entraînant des conséquences catastrophiques comme la multiplication des événements climatiques extrêmes, la montée des océans submergeant des zones côtières, des pertes massives de biodiversité et des crises humanitaires touchant des millions de personnes. 

Avec une mobilisation des États, des industries et des citoyens, le cap de 2030 pourrait marquer le début d’un tournant historique, ouvrant la voie à un avenir plus durable.

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